Contrairement à ce que croit encore un large public et ce que veulent faire accroire la plupart des manuels de l’enseignement « technique » la comptabilité n’est pas une technique neutre mais un « produit » social et politique qui sert les intérêts d’un groupe ou de groupes d’acteurs dominants : les modifications fréquentes des concepts de résultat et des types d’évaluation sont la conséquence d’une lutte entre différentes parties prenantes (créanciers, actionnaires, managers, salariés etc.) pour façonner à leur manière la représentation et la distribution de la richesse produite dans les entreprises. Mais la comptabilité n’est pas seulement une résultante « passive » d’affrontements sociaux, c’est aussi un instrument « actif » qui façonne de nouvelles idéologies, de nouvelles conceptions de la gestion et qui permet d’obtenir certains résultats (parfois inattendus) : en clair les choix comptables sont porteurs de conséquences idéologiques et économiques.